Ce que j’apprécie

… dans ce métier d’artisan d’art tissé

Ce que j’apprécie particulièrement, c’est la collaboration avec l’artiste pour co-créer l’œuvre d’art tissée. La tapisserie comme mise en chair, transfiguration en fils de la beauté d’une œuvre d’art.

J’aime la relation entre l’art et l’artisanat, l’échange avec l’artiste, la découverte de son univers, de ses intentions. Le métier de lissier ne demande pas forcément d’être artiste soi-même. Mais il demande une sensibilité artistique à cultiver et un rapport avec son propre jardin intérieur.

La tapisserie d’art rend le travail du peintre charnel, habité, épais. L’œuvre textile révèle l’épaisseur de la vie, des fils entremêlés et reliés en un tissu unique fait main.

Mon intention et celle de l’artiste sont appelées à se rejoindre. Cette recherche est passionnante et pleine de surprises.

… dans l’adaptation des techniques

Contrairement au traditionnel tissage sur l’envers de la tapisserie d’Aubusson, j’aime travailler sur l’endroit, en utilisant des matériaux et des textures variées : coton, laine, lin, soie, papier, raphia, rayonne, bambou, bananier, bande magnétique…

J’aime adapter les techniques, les textures, les couleurs et les fils en fonction de l’objet représenté et de sa nature. Le toucher est aussi important que la vue en art tissé. On peut donner du relief, faire dépasser des fils de trame, laisser apparaître la chaîne… Autant de techniques ou de procédés qui sont à chercher et à inventer.

  • Tissage en cours de la tapisserie "Le feu par le métier" d'après La lave émaillée de Nathalie Jingeot
    Tissage en cours : Le feu par le métier, d’après La lave émaillée par Nathalie Jingeot

 

… dans l’implication du corps et de l’âme

Autant j’apprécie de travailler à plusieurs sur une même tapisserie en atelier creusois, autant j’aime le travail seule dans mon atelier AnnKitiTiss. Temps silencieux ou musical, tranquille ou concentré, lent ou cadencé, en tout cas toujours calme, exigeant, cohérent, doux et passionnant…

Apprendre, exprimer, toucher. Le corps entier est mis à contribution : l’esprit, le regard, la main.

Tisser en basse lisse c’est ainsi l’implication de tout le corps : les pieds posées sur les marches, les jambes dynamiques, le dos droit, les bras alignés sur les mains, les doigts indépendants. Pas besoin de chauffage excessif en atelier : quand la flûte va et vient, la lissière se réchauffe.

J’aime ressentir le sens du tissage, le sens du fil, le sens de tisser, tout cela exprime la beauté de la vie qui passe entre nos mains…

Chaque ouvrage tissé transporte ainsi des regards, des gestes, de la cohérence et du cheminement.